L’économie que j'enseigne a
l’université n'est qu'une science humaine. Elle n'y a aucun principe de
divinité qui la pousserait vers les firmaments des cieux. C'est une science qui
s'adapte aux humains. Elle est opportuniste. Elle utilise tout ce qu'elle trouve
sur son chemin pour apparaitre. Elle a le don d'imitation prodigieuse. Elle
vous met du physique quantique pour analyser des données financières. Elle vous
donne une proposition sur base des processus stochastiques qui n'ont aucune
existence à la hauteur de leurs belles espérances. Elle fait tout pour vous
compliquer la tache de comprendre qu'elle vous pousse à posséder. Elle est
implacable dans ses entêtements théoriques. Vautrées dans des habits faits pour
d'autres plus grands et plus durs, les sciences économiques ne cherchent pas a
découvrir une autre planète. Elle est trop bien chez elle sur la terre pour
tenter une escapade astronomique vers des milliards d’étoiles apparemment sans
propriétaire. Le jour elle ira là-bas, ça sera la fin du monde de la
contemplation gratuite. Les propriétaires vous diront où pointer votre
télescope. Nos bonnes théories parleront du bien que les taxes font pour ne pas
trop regarder le soleil brûlant. Ça sera tellement vrai que nous payerons sans
se rendre compte qu'on est entré dans l'ère du vide marchandé. Le marché des
astres aura alors poussé la croissance économique aux portes des dividendes. Déjà
des industries commencent à poindre le bout de leur nez car il faut aller là-bas
pour rejoindre les promesses du lointain charmant.
Je me trompe souvent. Je ne verrai pas ce jour où les
marchés s'empareront des astres lointains. Je serais devenu poussières astrales et vagabondes autours de quelques astres
inconnus. Alors pendant que je suis encore là. Laissez-moi douter.
Je doute for que les sciences économiques deviennent une science universelle, capable d'expliquer les lois de production, de distribution, et d’échange partout et en tout.
Je doute for que les sciences économiques deviennent une science universelle, capable d'expliquer les lois de production, de distribution, et d’échange partout et en tout.
L'homme peut s'hasarder et utiliser sa propre
rhétorique pour, par exemple, calquer ses principes économiques sur ceux du
règne animal et végétal. Mais il est à parier que beaucoup des principes
économiques seront incapables d'expliquer le choix de vie ou de mort chez des
êtres dont les motifs spirituels sont totalement inconnus aux humains, piégés
par un sens raffiné du haut et du bas, du plus et du moins, du début et de la
fin, et du plein et du vide.
On peut effectivement penser que tous les êtres sont
égoïstement marathoniens du gain, du toujours plus, et du dégoût qui vient avec
le gout. Comme ils vivent comme nous, nous devons partager un même dénominateur
commun. Après tout, ils doivent cheminer sur les mêmes chemins du désir de se multiplier,
se photographier, se cloner, et laisser derrière soi, soi-même.
C'est déprimant de penser que mêmes les êtres si
petits que le bout de mes cheveux soient à ce point friand du gain. Derrière,
il y a l’idée, que rien ne tient debout sur cette terre. Il n'y a aucun être
dans cette jungle naissant avec des vertus du refus, d'abandon, de perte, de
disparition volontaire et immédiate. Pire il n'y a aucun qui se nourrisse pour
consciemment s’offrir en nourriture. Il y a de
victimes, mais victimes d'inconscience. Elles ne luttent pas pour perdre. Je parle
des vrais volontaires sans leur volonté égoïste. Celui sur qui
l'hasard n'imprime pas sa volonté. Il va échouer dans les mains de son bourreau
qui lui même marchera calmement vers sa fin heureuse. Il est évident que j'ai
besoin de mes principes économiques pour mettre de l'ordre dans mes pensées.
Comme attaché a l'instant zéro, j'entrevois des liens
indéfectibles entres les choses, les éléments, et les êtres. Seulement, je
doute que mes principes économiques puissent régenter cet univers bien
contradictoire dans ses rotations et révolutions. Les principes économiques ne
peuvent aller jusqu'au plus profond de l'univers et expliquer les luttes
bestiales qui s'y déroulent.
Que les sciences économiques fassent du beau et du
mauvais temps sur la terre des hommes, il n'est pas souhaitable que ces
sciences aillent dire aux insectes comment ils doivent se comporter pour
produire plus, gagner plus, et sauvegarder plus.
Un Adam Smith chez les insectes fera un tabac. Et
viendra de génération d'insectes dites intelligentes qui découvrira comme les
John von Neumann and Oskar Morgenstern les bases de la théorie de jeux. Un peu
d'intelligence ici et là ne peut faire que plus du mal. Tout doit être possédé
chez les humains. Il y a comme une éternité dans des choses qu'on a accumulé.
Peut être que le monde d'ailleurs obéit aux mêmes lois
universelles que nous, mais certainement les principes économiques ne sont pas
assez vertigineux pour expliquer le silence assourdissant du monde animal et
végétal fasse au bruit de nos machines à pousser la planète vers son néant.
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